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Le discours de Ja‘far

Le jeune Ja‘far compagnon du Prophète ﷺ, un modèle pour la jeunesse

Lors de la cinquième année après la révélation, alors que les persécutions se font de plus en plus intenses envers des croyants à la Mecque, le Prophète Muhammad ﷺ décide d’envoyer des musulmans se réfugier sous la protection du Négus, roi d’Abyssinie. Lors du second voyage d’exil en Abyssinie, il confère le poste de porte-parole des réfugiés à un jeune âgé de 18 ans seulement. Et ce jeune homme n’est autre que Ja‘far b. Abû Tâlib. Il le choisit alors même que dans cette émigration, d’autres éminents compagnons étaient présents tels que ‘Uthmân b. ‘Affân par exemple.

En confiant une telle mission à Ja‘far, pourtant si jeune, le Prophète ﷺ en fait un modèle pour les jeunes musulmans. Ayant confiance en la personnalité et les capacités de Ja‘far, le Prophète ﷺ sait qu’il est le mieux placé pour occuper ce poste, et ne l’en prive pas malgré le fait qu’il soit accompagné d’autres compagnons plus âgés. 

Afin de forcer le retour des musulmans qui étaient partis se réfugier en Abyssinie, les Mecquois envoyèrent deux émissaires afin de convaincre le Négus de renvoyer les musulmans. Le roi donna une chance aux musulmans et les convoqua afin qu’ils se défendent des accusations de criminalité dont les accablaient les Mecquois, qui souhaitaient les faire renvoyer d’Abyssinie.

Ja‘far, qui avait le don d’éloquence, en a alors fait la démonstration par un discours où il met l'accent sur le caractère juste et équitable de son interlocuteur, ainsi que sur les valeurs de la religion musulmane, valeur que l’islam partage d’ailleurs avec le christianisme, religion du Négus :

« Ô Souverain ! Nous vivions plongés dans les ténèbres de l’ignorance. Nous adorions des idoles. Nous vivions dans la luxure. Nous mangions les charognes. Nous ne respections ni les liens de parenté, ni les devoirs de bon voisinage. Et le plus fort d’entre nous dévorait le plus faible. Ainsi étions-nous, jusqu’au jour où Dieu fit naître parmi nous un homme, dont la lignée, l’honnêteté, la sincérité et la pureté d’âme étaient connues et appréciées de tous. Il a appelé à croire en l’Unicité de Dieu et à rejeter l’adoration des idoles, il nous a ordonné de dire la vérité, de tenir nos engagements, d’être miséricordieux et d’honorer les droits de la famille et des voisins. Il nous a aussi enjoint de ne pas enfreindre les interdits, de ne pas verser le sang, de nous détourner des actes infamants, de ne pas faire de faux témoignages, de ne pas manger les biens des orphelins, à prier, de donner l’aumône et de jeûner. Nous avons eu confiance en lui. Nous avons accepté la religion de Dieu qu’il avait apportée. Nous avons adoré Dieu sans rien Lui associer, et avons observé ses prescriptions. Notre peuple s’est alors dressé contre nous. Ils nous ont persécutés afin de nous faire renoncer à l’adoration de Dieu et nous faire revenir à l’adoration des idoles et à la pratique des autres abominations. Notre peuple nous a torturés et opprimés, jusqu’à ce que nous soyons en totale insécurité parmi les nôtres. Nous sommes alors venus dans votre pays, espérant, ô souverain, que vous nous protégiez de leur injustice. »

On peut donc retenir comme premier enseignement de ce discours, l'importance de trouver des valeurs universelles qui nous rassemblent. Il convient ainsi à chacun de respecter l’autre dans sa spécificité et sa différence.

Pour autant, il ne s'agit pas là d’aller dans le sens de l’interlocuteur au détriment de nos propres principes. Les émissaires mecquois tentant de persuader le Négus lui disent que les musulmans font de Jésus un esclave. Quand Ja‘far, le lendemain, est sommé de s'expliquer à ce sujet, c’est sans se détourner, pour préserver ses intérêts que ce dernier explique objectivement le message coranique à ce sujet en s’appuyant sur le verset suivant: « Le messie Jésus, fils de Marie, est seulement l'envoyé de Dieu, Son Verbe déposé dans le sein de Marie, un Esprit émanant du Seigneur ! » (4 : 171)